Maman, pleure ou ne pleure pas ...

Etrange le repas entre moi, ma soeur et notre mère.

Ayant coupé les ponts avec son mari, on lui proposait sans cesse de se rencontrer autour d'un repas, au bout d'un an quand même elle fit l'effort.

Assise face à ma mère qui encore une fois a les larmes aux yeux. Je n'ose lui demander si c'est de la joie qu'elle ressent d'avoir un moment avec nous ces deux filles, ou si c'est de la tristesse face au fait que ces moments soient très rare. Je redoute sa réponse et surtout ses larmes, je n'en peux plus de la voir pleurer. Surtout qu'elle ne dit rien elle fait comme si, c'est limite pas humain, elle est neutre, c'est frustrant un bloc, une pierre, elle est inerte, seules ses larmes trahissent un semblant de vie en elle.

Mon cri est "Pleure ou Garde tes larmes".

Ma Colère monte , "Assume-toi", "Sois une adulte".

Je mérite d'avoir une adulte en face de moi, sinon pourquoi je me suis oublié toutes ces années à tout accepter sans rien dire, à aller au front à ta place. Car oui mon enfance était une guerre et je n'étais pas armé pour la faire, mais j'étais courageuse, oui maman, tu as été mon combat. J'ai courbé le dos pour toi, je me suis mise à genou pour toi, je me suis tut pour toi, je t'ai protégé comme une mère aurait protégé son enfant. Tout ce que j'attend de toi, c'est de la joie, de la bonne humeur, une femme qui vit et qui s'assume qui n'a pas honte de pleurer devant ses filles, juste quelqu'un de vivant, qui vit pour elle, pour qu'enfin,...

Juste pour que je puisse enfin te prendre dans mes bras, et avoir cette sensation d'avoir une mère.

De mes blessures de guerre, j'essaie d'en faire des cicatrices, mais quand je te voie comme cela, alors je pisse le sang et je me vide. Je me dois pour sauver ma peau, de faire le deuil d'une mère que je n'aurais jamais, et d'accepter d'avoir combattu pour rien.

La semaine dernière pour la première fois lors d'une crise, j'avais besoin de toi, que tu me consoles, que tu me rassures, que tu me prennes dans tes bras. J'avais l'impression de me noyer, de m'étouffer, un manque d'air pas supportable et un besoin de toi énorme.

Bizarre je te vois, et je me sens con d'attendre cela de toi.